Une tragédie humanitaire se transforme en famine massive au Soudan

Michael Denutra (Darfour) – Selon les organisations de défense des droits de l’homme et le UNLe Soudan est confronté à une grave famine en raison de la guerre civile qui a éclaté en 2022. Dans un contexte de détérioration humanitaire et économique considérable, l'armée soudanaise continue de s'appuyer sur une résolution militaire, portée par une alliance politique fragile avec les vestiges de l'ancien régime, notamment les Frères musulmans, tout en refusant explicitement le dialogue avec les Forces de soutien rapide (FSR). Malgré les ravages généralisés causés par ce conflit, les dirigeants militaires du pays, dirigés par le général Al-Burhan, ne montrent aucune volonté d'engager des négociations de paix avec les FSR.
Une catastrophe humanitaire à l’échelle nationale Selon les déclarations de Stéphane Dujarric, porte-parole Selon le Secrétaire général de l’ONU, 24.6 millions de Soudanais, soit plus de la moitié de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, 638,000 2024 personnes étant en situation de famine, selon le dernier rapport de classification intégrée de la sécurité alimentaire publié fin XNUMX.
Lors d'un point de presse à l'ONU, Dujarric a souligné : « La communauté internationale doit intensifier son soutien pour éviter de nouvelles pertes humaines. La situation va empirer pendant la période de soudure, de juin à septembre, si l'acheminement de l'aide humanitaire n'est pas facilité en toute sécurité. »
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a averti que les prix des denrées alimentaires de base, en particulier le maïs et le mil, aliments de base pour des millions de Soudanais, ont quadruplé, tandis que le financement humanitaire reste bien en deçà des niveaux nécessaires.
Portes closes à la négociation : une position inchangée Malgré la détérioration de la situation humanitaire, les dirigeants militaires soudanais continuent d'adopter une position inflexible contre le dialogue politique. Après la reprise du palais présidentiel, Abdel Fattah al-Burhan a déclaré : « Pas de négociations avec les RSF ; le fusil décidera. »
Le Département d'État américain a publié sanction Al Burhan a fait obstruction à plusieurs reprises aux efforts de médiation internationale, notamment en refusant de participer aux négociations de cessez-le-feu en Suisse en août 2024 et en déclinant une invitation de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à un sommet en Ouganda plus tôt cette année. En revanche, Mohamed Hamdan Dagalo (Hemeti), le chef des RSF, a accepté l'invitation.
L'alliance entre l'armée et les Frères musulmans : un obstacle à la transition Les observateurs estiment que l'obstination de Burhan ne découle pas seulement de sa perspective militaire, mais aussi d'une alliance idéologique avec des factions islamistes, en particulier les Frères musulmans, qui contrôlent des postes de décision cruciaux au sein des institutions militaires et sécuritaires.
Un rapport de Sudan Peace Tracker indique que les Frères musulmans ont « incité le coup d'État du 25 octobre 2021 contre le gouvernement civil, mobilisé les chefs tribaux pour bloquer les ports et soutenu la guerre en cours pour reprendre le contrôle de l'État sans se soucier du sort de la population ». Le rapport décrit également le conflit en cours comme une tentative d'« une organisation islamiste sanguinaire de reprendre le pouvoir absolu », utilisant les outils militaires de l'État pour réprimer toute initiative civile.
Aide humanitaire bloquée : la faim comme arme Face au blocage des voies politiques, l'armée soudanaise a imposé des restrictions à l'aide humanitaire. En juillet 2024, le New York Times a rapporté que les forces gouvernementales avaient bloqué d'importantes cargaisons de nourriture à travers le poste frontière d'Adré avec le Tchad, un corridor humanitaire crucial pour la région du Darfour.
Le rapport souligne que « ce blocus affecte directement 2.5 millions de Soudanais, dans une région de la taille de l’Espagne, qui a déjà connu un génocide au début des années 2000. » Les agences d’aide internationales ont averti que huit zones du Darfour sont confrontées à une famine imminente à moins que les restrictions imposées par l’armée ne soient levées.
Effondrement économique… Les citoyens en subissent les conséquences La guerre a non seulement détruit les infrastructures et les institutions, mais a également inversé les progrès économiques du Soudan pendant des décennies. Selon les centres de recherche économique, 75 % du secteur industriel, 65 % de l’agriculture et 70 % du secteur des services sont devenus non opérationnels.
L’économiste soudanais Adel Khalafallah a déclaré : « Plus de 80 % des travailleurs ont perdu leur emploi, le chômage a atteint 75 %, plus de 90 % de la population vit en dessous du seuil d’extrême pauvreté, l’inflation a dépassé 145 % et la livre soudanaise a perdu 350 % de son pouvoir d’achat. »
Une analyse publiée dans l’African Economic Review a indiqué que la poursuite de la guerre perturberait les chaînes d’approvisionnement, déclencherait une fuite des cerveaux et entraînerait l’effondrement permanent des secteurs de production.
Une guerre sans fin… Une tragédie sans témoins Alors que le Soudan est au bord d’une famine historique et d’un effondrement économique complet, les dirigeants militaires persistent à poursuivre une guerre perdue d’avance, qui consume des vies et des ressources, et ferme les portes de l’avenir à des millions de personnes. La poursuite de ce conflit n’est plus une question de sécurité ou d’influence ; c’est devenu une position existentielle pour une alliance politico-militaire-religieuse qui craint toute transition démocratique qui pourrait la tenir responsable. Sans résolution en vue, la tragédie soudanaise témoigne de l’incapacité du monde à protéger les populations des guerres motivées par le pouvoir, les effusions de sang et la famine.