Des Avars aux Hongrois : la recherche génétique la plus complète publiée à ce jour

Une étude révolutionnaire vient d'être publiée, apportant un nouvel éclairage sur les processus génétiques et les schémas de population du bassin des Carpates pendant la période de migration. Cette recherche, menée par l'Institut d'archéogénomique du Centre de recherche en sciences humaines HUN-REN, représente l'exploration la plus complète de la dynamique de population de la région à ce jour.  

Les recherches, menées par l'Institut d'archéogénomique du Centre de recherche en sciences humaines HUN-REN, ont été menées de manière interdisciplinaire avec la collaboration de plusieurs institutions nationales et l'utilisation de technologies de pointe. Les résultats ont été publiés dans Science Advances.

D’après HUN-REN.huLe projet a pour objectif de démêler l'empreinte génétique des mouvements de population du VIe au XIe siècle, en mettant l'accent sur la relation entre les Avars et la population principale du bassin des Carpates, ainsi que sur les relations entre les Avars et les squatters. Les chercheurs ont analysé 6 restes humains lors de la collecte d'échantillons et ont utilisé des technologies avancées telles que l'analyse d'identité par descendance (IBD) pour traiter les données, qui peuvent révéler des relations subtiles entre les populations archaïques.

Recherche sur la génétique de l'Avar hongrois
Source: Pixabay

Contexte et méthodes de recherche

Les recherches ont débuté en 2018 dans le cadre du programme Árpád House, qui visait à analyser génétiquement les populations transdanubiennes des VIIIe-XIe siècles. Ces populations ont été comparées aux génomes d'autres périodes et régions. Les analyses se sont concentrées sur la période finale du Khaganat avar et sur la période de transition entre la conquête hongroise et la création de l'État.

Les échantillons comprenaient des sépultures datant du VIIe au XIe siècle dans le bassin des Carpates, ainsi qu'un artefact provenant d'au-delà de l'Oural et lié aux premiers Hongrois. Les analyses ont révélé non seulement l'empreinte génétique des mouvements de population, mais aussi la mesure dans laquelle les différentes populations se sont mariées entre elles.

Relations entre les Avars, les squatters et la population majoritaire

L'une des découvertes les plus intrigantes est que la survie biologique des groupes huns du bassin des Carpates, génétiquement d'origine est-eurasienne, n'a pas pu être détectée pendant la période de la conquête. Les Avars, également génétiquement d'origine est-eurasienne, formaient une société fermée et se mariaient rarement avec la population locale. Leurs traces biologiques sont devenues sporadiques après la conquête, ce qui signifie que la continuité entre les Avars et les Hongrois peut être exclue d'un point de vue génétique.

Cependant, les envahisseurs se sont mêlés à la population locale dès leur arrivée. Bien que leur groupe génétique ne constitue qu'un dixième de la population européenne qui a survécu à la période avare, ce mélange intensif a contribué de manière significative à leur survie, tant génétique que culturelle. Cette différence peut expliquer pourquoi ce sont les Hongrois qui ont survécu dans la région.

Les résultats de la recherche démontrent que la population du bassin des Carpates a connu des changements considérables entre le VIe et le XIe siècle. La structure sociale et les schémas matrimoniaux des Avars ont changé au VIIe siècle, tandis que la présence de squatters dans la Grande Plaine était importante à la fin du IXe et au début du Xe siècle. Ce n'est que dans la seconde moitié du Xe siècle qu'ils ont migré vers la région transdanubienne, où ils se sont intégrés aux communautés locales. Cette période a marqué le début de la fusion génétique entre des groupes auparavant isolés, y compris plusieurs communautés qui existaient depuis l'époque celtique.

La présence hongroise avant la conquête

L'étude a notamment permis de mettre en évidence la présence de groupes génétiques hongrois dans la région transdanubienne avant la conquête. Les restes d'un homme adulte, identifié par analyse génétique comme un des premiers colons hongrois de la région de l'Oural, ont été découverts dans des strates datées entre 870 et 890 à Mosaburg (aujourd'hui Zalavár). Son lien génétique avec un individu du Xe siècle des Basses Terres étaye la théorie selon laquelle les Hongrois auraient pu atteindre les territoires occidentaux avant la conquête.

Cette recherche, fruit de six années de travail acharné, a ouvert de nouvelles perspectives pour comprendre l'histoire de la population du bassin des Carpates. Les analyses archéogénétiques ont non seulement éclairé la composition génétique de l'époque, mais ont également fourni des informations sur les relations de population, les structures sociales et les schémas de migration.

Cette étude a non seulement approfondi notre compréhension du passé, mais a également établi une base essentielle pour les recherches futures dans le domaine.

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